​Rodolphe Thomas, maire MoDem d’Hérouville-Saint-Clair (Calvados) est confronté à la délinquance dans sa ville. Dans son interview de rentrée, il met en garde contre le point de non-retour que connaissent certaines métropoles françaises. Et prône certaines mesures.

Rodéos urbains et mortiers

Rodolphe Thomas, maire (MoDem) d’Hérouville-Saint-Clair (Calvados) n’élude pas le sujet : « 2020 et 2021 ont été des années compliquées en termes de sécurité à Hérouville. Que ce soit les tirs de mortiers comme les s urbains. Mais nous n’avons pas lâché et depuis les choses se sont améliorées. » La situation, notamment concernant les rodéos urbains, n’est pas comparable à ce qui se passe dans certaines villes, comme à Lyon. À Hérouville, cette délinquance se limite « à des initiatives individuelles, mais qui polluent la vie. Nous avons interpellé des pilotes et confisqué des quads et des motos. » Le maire n’hésite d’ailleurs pas à intervenir lui-même sur le terrain.


Renforts de police

Face à cette délinquance, des renforts de police ont été mis en place : « La police municipale compte aujourd’hui 14 agents, mais elle ne peut pas faire le boulot de la police nationale, indique le maire. Nous avons donc en ville un poste de police nationale, et nous avons obtenu des redéploiements d’effectifs afin d’accentuer cette présence le week-end. »


Actions/réactions

Les résultats sont là, « nous sommes parvenus à faire baisser la délinquance, assure l’élu. Mais cela reste fragile, elle peut resurgir à tout moment. » Rodolphe Thomas prône donc le principe de « l’action/réaction, et l’engagement de tous les acteurs de l’autorité _ préfet et directeur départemental de la sécurité publique_ car il faut demeurer vigilants. Dans certaines villes, rien n’a été fait pendant 10-15 ans : aujourd’hui, on ne fera pas revenir l’engagement républicain dans certains quartiers. » Clairement, dans des secteurs oubliés, des zones de non-droit se sont installées. « Et au final, ce sont les petites gens qui sont les principales victimes de ces situations. »

Dé-cloi-son-ner !

Rodolphe Thomas plaide pour une justice plus coercitive, « pour aller plus loin dans l’efficacité, avec des sanctions judiciaires. C’est avant tout un constat : il faut davantage de synergie entre police de terrain et police judiciaire, mutualiser les compétences. Il faut décloisonner ! »

Éviter l’enkystement

Parmi les outils mis en place par la ville d’Hérouville pour lutter contre la délinquance, une « convention tranquillité résidentielle » a été signée entre la collectivité, les bailleurs sociaux, la police et la justice. Notamment pour régler des situations de squats ou de trafics dans des immeubles « pour que l’on soit rapidement informé, avant que les situations ne s’enkystent. » Le dispositif peut aboutir à une expulsion, « lorsque des violences physiques, mais aussi psychologiques sont avérées, précise le maire. Mais là aussi, il faut décloisonner : les institutions doivent travailler ensemble pour protéger les habitants ». La prochaine étape serait d’impliquer les bailleurs privés dans cette convention.

Prévention spécialisée

Une démarche a été entreprise par le Département du Calvados qui souhaite revoir sa politique en matière de prévention spécialisée, avec forcément des incidences pour les villes. Cette prévention spécialisée concerne les jeunes en voie de marginalisation ou déjà marginalisés. « Cet audit doit permettre de faire évoluer ces dispositifs pour que là aussi, les choses soient décloisonnées, martèle Rodolphe Thomas. Il ne faut pas se cantonner à attendre que le jeune vienne vers ses dispositifs. Il faut aller vers lui ou sa famille. L’angélisme, c’est fini ! À Hérouville, j’ai envie de croire que tout ce que l’on a mis en place, en matière de sport, d’éducation, de culture, c’est de la prévention. »

 

Ouest-France Nathalie LECORNU-BAERT. Publié le